Impact des fusions et des fermetures de caisses Desjardins sur la dynamique sociale des milieux ruraux

Abstract

L’étude exploratoire s’appuie sur une analyse documentaire (ouvrages, rapports annuels, sites internet, revue de presse, entrevues, journaux locaux, etc.) et une enquête de terrain. Bénéficiant d’une période de temps limitée, le terrain d’investigation a été restreint à la ville de Rouyn-Noranda (secteurs urbain et ruraux) et à la MRC du Témiscamingue. En tout, 11 entrevues semi-dirigées d’environ une heure ont été effectuées avec des directeurs généraux anciens et en service de caisses Desjardins, des personnes ayant une expérience d’élus dans les différentes instances délibératives de Desjardins (conseils ou présidence de caisses), des maires de petites municipalités et des membres de comités à caractère communautaire ou revendicatif. L’échantillonnage fut non probabiliste, la technique de la « boule de neige » ayant été utilisée. Mise en contexte : Le Mouvement des caisses Desjardins se donne pour mission de contribuer au mieux-être économique et social des personnes et des collectivités. Cependant, les exigences imposées par l’évolution du monde des savoirs ont mené le Mouvement à des décisions de fusions et fermetures de certaines caisses (70% d’entre elles entre 1995 et 2010). Au nombre de ces changements, on note les évolutions technologiques rapides, la restructuration des régions administratives, le souci de rentabilité et de viabilité à long terme, de gestion efficiente du personnel et la nécessité d’offre de nouvelles gammes de produits et services. Depuis le début de la transformation du réseau des caisses populaires Desjardins en 2000 jusqu’en 2012, la population rurale de la région de l’Abitibi-Témiscamingue a assisté à la fermeture de plusieurs caisses et points de services. Les localités rurales paraissent les plus touchées alors même que dans ces communautés rurales des liens multiformes lient la caisse à ces milieux ; par exemple, le sentiment d’appartenance et de propriété à l’égard des caisses y semble plus marqué. Questions de recherche : L’étude exploratoire vise à fournir les premiers éléments d’analyse de l’impact des restructurations (fusions, fermetures, regroupements) de caisses Desjardins sur les moyens et capacités de développement des quartiers ruraux de la ville de Rouyn-Noranda et des petites localités du Témiscamingue. Ainsi, M. Ganame aborde les questions suivantes : Le retrait de Desjardins de certaines localités, à travers ces fusions et fermetures, n’entraine-t-il pas une disparition de Desjardins dans la gouvernance locale, donc du paysage institutionnel de certaines localités? Quels sont les effets sur la participation des citoyens lorsqu’une caisse ferme avec ses assemblées (membres élus)? Dans quelles mesures la disparition ou l’éloignement ou encore la restructuration du Fonds d’aide au développement du milieu (FADM) qui en découle affectent le financement du développement local? Analyse : L’auteur remarque l’effritement des liens (appartenance, proximité, usage, sentiment de propriété, etc.) qui unissaient la caisse aux différents milieux, ce qui est probablement imputable au phénomène des fusions, fermetures ou regroupements du fait principalement de l’éloignement. Au plan de la gouvernance locale, il constate que l’éloignement géographique du centre décisionnel de la caisse entraine un amoindrissement des contacts (partenariats) avec la caisse pour une synergie dans les actions des différents acteurs locaux. Malgré le maintien parfois d’ilots de services, des mécanismes traditionnels de participation (assemblées générales, conseils) et certaines stratégies ou adaptations post-fusions et fermetures, il rapporte l’affaiblissement de la dynamique de participation observé chez certains membres, surtout en ruralité. Enfin, il observe que les localités rurales sont souvent peu enclines à présenter des demandes au FADM en raison des liens effrités et de la méconnaissance de l’accessibilité au nouveau fonds global. Propositions et recommandations : M. Ganame avance quelques propositions et recommandations afin d’améliorer les défaillances ou insuffisances des processus en cours pour une meilleure prise en compte des petites collectivités rurales, telles : mieux recentrer les petites collectivités au cœur des actions des caisses Desjardins; intégrer le fait que l’encrage et le maintien d’un véritable sentiment d’appartenance passent notamment par des dirigeants issus du milieu ou au fait des préoccupations locales; améliorer la proactivité de la caisse centrale dans le cadre du financement des localités rurales, par exemple, aider les organismes des localités rurales à mieux ficeler ou monter les projets pour répondre aux normes de financement du FADM.