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Title: Médiation des tensions dans une coopérative de solidarité : Des chiffres et des lettres
Authors: Michaud, Valérie
Keywords: Tensions
Paradoxes
Sociomatérialité
Coopérative
Organisation pluraliste
Pratique
Acteur-réseau
Économies de la grandeur
Médiation
Outils
Tensions
Paradoxes
Sociomateriality
Co-operative
Pluralistic Organization
Pratice
Actor-network Theory
Economies of Worth
Tools
Mediation
Issue Date: 2012
Publisher: Copublication Chaire de recherche du Canada en économie sociale et Centre de Recherche sur les innovations sociales (CRISES)
Citation: Michaud, Valérie (2011). "Médiation des tensions dans une coopérative de solidarité : Des chiffres et des lettres", Cahiers du CRISES, Collection Thèses et mémoires, no TM1105, 302 p.
Series/Report no.: Cahiers du CRISES, Collection Thèses et mémoires;TM1105
Abstract: Cette thèse s’intéresse aux défis de la gestion des tensions au sein d’une organisation pluraliste de l’économie sociale et solidaire : la coopérative de solidarité. La coopérative de solidarité est un nouveau type d’organisation légalement créé au Québec en 1997 et qui innove par son multisociétariat institutionnalisé. En effet, la coopérative de solidarité doit inclure parmi ses membres ainsi qu’à son conseil d’administration au moins deux des trois catégories de membres suivantes : membres utilisateurs, travailleurs ou de soutien. Cette structure de gouvernance multipartite met en présence des parties prenantes aux besoins et intérêts divers, mais qui ont un pouvoir égal au sein de l’instance. La question au coeur de notre démarche est celle de la gestion des tensions (ou plutôt, dirons-nous plus loin, de la gestion « malgré les tensions ») dans le contexte d’une coopérative de solidarité en environnement. Nous avons choisi d’étudier une telle organisation en adoptant une perspective du paradoxe, c’est-à-dire dans l’acceptation et le maintien des tensions. Nous nous inscrivons dans la perspective de la pratique et proposons que certains outils sociomatériels médiatisent les tensions dans l’organisation. Le premier article de la thèse présente une approche conceptuelle et méthodologique pour aborder les tensions dans la double perspective du paradoxe et de la pratique. Dans la première partie de l’article, nous recensons les écrits principaux ayant traité de la gestion de la tension entre autonomie et contrôle dans les organisations et en dégageons les tendances, notamment quant au manque de considération des outils sociomatériels et de leur rôle dans les tensions. À la lumière de ces constats, nous proposons une approche inspirée de la sociologie des épreuves, plus spécifiquement des apports de la sociologie de l’acteur-réseau et des économies de la grandeur. L’approche permet de poser un nouveau regard sur les tensions dans la pratique qui accorde aux outils sociomatériels une place d’acteur tout en permettant de maintenir et d’accepter les tensions, et ce, tant sur le terrain que dans l’analyse. C’est cette approche qui a guidé le travail de collecte et d’analyse des données empiriques pour les deux articles suivants. Dans l’article 2, à travers l’étude longitudinale de certains enjeux de gouvernance de la coopérative, nous mettons en lumière le rôle changeant et surprenant de divers chiffres (associés à la comptabilité, à la démocratie, etc.) dans les tensions rencontrées au sein du conseil d’administration sur une période de dix ans. Ce suivi dans le temps permet de constater que les chiffres peuvent exacerber, apaiser et maintenir le paradoxe « contrôlecollaboration ». L’analyse permet aussi de saisir l’action paradoxale des chiffres et des outils chiffrés à travers diverses micro-pratiques stratégiques. Cet article alimente les connaissances des pratiques concrètes permettant de maintenir et d’accepter le paradoxe « contrôle-collaboration » de la gouvernance : il propose que les chiffres médiatisent cette tension en modifiant la distance entre le conseil d’administration et la direction de la coopérative et en fournissant un langage qui simplifie, standardise et dépersonnalise des enjeux complexes. Dans l’article 3, nous étudions les pratiques textuelles par lesquelles est abordée la tension entre « le social » et « l’économique », tension qui s’exprime entre ancrage communautaire et développement commercial dans la coopérative étudiée. La méthode d’analyse textuelle développée permet la constitution d’une grille de repérage basée sur les tensions constitutives de l’organisation, telles qu’exprimées dans sa mission. L’analyse des sites Internet (régulier et de ventes en ligne) de l’organisation à partir cette grille est inspirée par les stratégies génériques de gestion des tensions et paradoxes (Poole et van de Ven, 1989). Alors qu’une analyse formelle suggère une séparation des deux pôles en deux sites Internet distincts (le social dans le site régulier; l’économique dans le site de ventes en ligne), l’analyse en profondeur des textes montre comment ceux-ci permettent de reformuler et reconnecter les pôles. En particulier, l’analyse démontre comment le social et l’économique sont textuellement associés, mais aussi comment chacun des pôles est marqué par des tensions internes. Les sites Internet apparaissent comme des « sites d’action » permettant à la fois d’exprimer (en séparant les pôles en deux espaces) et d’accepter la tension (en reliant les deux pôles dans les textes et entre les textes) en constituant une organisation aux visées à la fois sociales et économiques. Les résultats de la recherche indiquent que bien que la gestion « malgré les tensions » soit un défi constant, l’organisation étudiée ne peut évoluer sans ces tensions. Divers outils sociomatériels interviennent dans leur médiation en modifiant la distance entre les pôles en tension. Notre thèse propose une contribution 1) à la littérature sur les tensions organisationnelles, en l’alimentant d’observations, empiriques, de pratiques concrètes inscrites dans une perspective du paradoxe; 2) à la littérature sur les pratiques, par l’attention portée aux outils sociomatériels inscrits dans ces pratiques, tout en 3) bouclant la bouche « tensions-pratiques-sociomatérialité » en proposant et en démontrant que certains outils sociomatériels jouent un rôle d’acteurs dans la médiation des tensions organisationnelles, dans la pratique.

This thesis is about the challenge of managing tensions in a pluralistic organization of the social economy, i.e. a "solidarity co-operative". The solidarity co-operative (coopérative de solidarité) is a new organizational form created in Quebec in 1997 and characterized by its innovative, institutionalized multistakeholder structure. Indeed, both the membership and board of administration of solidarity co-operatives must be comprised of at least two of the following three categories of members: user, worker or support members. This multistakeholder governance structure brings together stakeholders with diverse needs and interests, but also equal rights. The central question of the thesis is thus one of managing tensions (or rather, of managing “despite tensions”) in a solidarity co-operative of the environmental sector. This organization was studied from a paradox perspective, with careful attention to the concrete practices that allow for the tensions to be accepted and maintained. More specifically, the thesis participates to the practice turn and suggests that some sociomaterial tools mediate tensions in the studied organization. The first paper proposes a conceptual and methodological approach to study tensions from both the paradox and practice perspectives. The first part of the article presents a review of the literature on the autonomy-control tension in organizations. One of the main observations that come out of the review is the general lack of consideration of sociomaterial tools, and of the role they may play in tensions. In response to this observation, a conceptual and methodological approach is put forward. The approach draws from the French “sociologie des épreuves” (Actor-Network Theory and Economies of Worth) and provides a fresh look at tensions, in practice, which allows for sociomaterial tools to be considered as potential actors and for tensions to be maintained and accepted in situations and analyses. The proposed approach has oriented the empirical data collection and analytical work conducted for the following two papers. Through the longitudinal study of governance issues, the second paper sheds light on the changing and surprising roles played by different numbers (whether they relate to accounting, democracy, etc.) in mediating the tensions encountered at the board of directors of the cooperative over a ten-year period. This allows to show that numbers can exacerbate, pacify and maintain the control-collaboration paradox. Analysis reveals different paradoxical actions performed by numbers and number-related tools in strategic micro-practices. This paper enhances our knowledge of the concrete practices that allow for the control-collaboration paradox to be maintained and accepted; it shows how numbers mediate this tension by modifying the distance between the board and the management of the co-operative and by providing a language that simplifies, standardizes and depersonalizes complex issues. The third article unpacks the textual practices deployed to deal with the tension between “the social” and “the economic” in the co-operative, a tension expressed in community-business terms in the studied organization. A textual analysis method is crafted to constitute a grid of identification of the constitutive tensions of the organization (as stated in its very mission). Then, using this grid and generic strategies to deal with tensions and paradoxes (Poole and van de Ven, 1989), the organization’s websites (a regular website and a transactional website) are analyzed. While the formal analysis suggests that the two poles of the tension are split between the two websites (with the social on the regular website and the economic on the transactional one), in-depth analysis shows how the texts allow for the reformulation and reconnection of the poles. More specifically, the analysis points to the textual association of the two poles of tension, but also to further tensions found within each of them. Websites are described as “sites of action” which provide opportunities to both express and accept the tension, while constituting an organization that both pursues social and economic objectives. Altogether, the thesis shows how managing "despite tensions” is a constant challenge, yet how the co-operative cannot evolve without these tensions. It also demonstrates that diverse sociomaterial tools do play an active role in the mediation of tensions by modifying the distance between poles in tension. The thesis contributes 1) to the literature on organizational tensions by capturing diverse concrete practices to deal with tensions in a paradox perspective; 2) to the literature on practice by incorporating sociomaterial tools, while 3) coming full circle with tensions, practices and sociomateriality by proposing and showing how sociomaterial tools can be actors in the mediation of organizational tensions, in practice.
Description: Thèse présentée comme exigence partielle du Doctorat en administration, UQAM. Dépôt: décembre 2011.
URI: https://depot.erudit.org/id/003745dd
ISBN: 978‐2‐89605‐335‐3
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