Résumé

En première partie de conférence, le modèle de police de quartier sera présenté de même que le rôle de l'agent sociocommunautaire selon ce type de modèle. On y abordera les rencontres qui sont faites auprès des itinérants.

Par la suite, on présentera les alternatives à la judiciarisation et les moyens sur lesquels les policiers travaillent en partenariat, afin de tenter de dégager des avenues, de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés.


Le modèle PDQ depuis 1997 et ses cinq composantes :

  • La résolution de problèmes.
  • La responsabilité géographique.
  • L'approche service.
  • Le partenariat avec la population.
  • La valorisation du personnel.

RÔLE DE L'AGENT SOCIOCOMMUNAUTAIRE DANS LA POLICE DE QUARTIER

Faire le lien, la relation, la liaison entre tous les partenaires associés au développement et à l'implantation de la PDQ. C'est le trait d'union entre tous les organismes, les citoyens, les commerçants et le service de police. Cela étant dit, les raisons qui nous ont amenés à accepter de venir parler ici :

Nous participons à plusieurs tables de concertation, de comités de citoyens, comme :

  • Corporation de développement Berri-Uqam.
  • Citoyens de la rue Robin.
  • Table de concertation du Faubourg St-Laurent.

Suite à ces rencontres, les gens nous ont fait part de leurs préoccupations de toute sorte. D'un côté, ils veulent la répression et de l'autre l'approche communautaire. Ensuite, nous devons composer avec les particularités de chacun et essayer de trouver un terrain d'entente, tout en respectant les lois et les règlements. Par la suite, nous rencontrons nos policiers afin de leur communiquer les résultats. Sur le terrain, dans la rue, 52 % des interventions policières ne sont pas répressives. Ce sont des interventions :

  • d'aide;
  • de support;
  • d'écoute;
  • de médiation;
  • d'intervention sociale.

Il faut noter que 48% de ces interventions sont répressives.

C'est dans le Centre-Ville que se concentre le plus grand nombre d'itinérants, donc c'est ici que l'on retrouve la plupart des organismes communautaires. Nous rencontrons différents types d'itinérants : jeunes, femmes et plus âgé(e)s.

Jeunes :

  • Plus nombreux.
  • Prennent l'espace maximum.
  • Plus nombreux donc plus mendiants.
  • Peu sont agressifs mais vu le nombre, ça devient agressant.
  • Flâneurs dans les entrées, les commerces, les escaliers.
  • Squeegee.
  • Violence verbal.
  • Plus de judiciarisation, surtout au début de la saison chaude.
  • Mendiant agressif (entrave).

Femmes :

  • En moins grand nombre.
  • Plus calmes.
  • Plus respectueuses.
  • Très peu d'interventions reliées aux femmes.
  • Lors d'interventions, c'est davantage pour les diriger vers un centre d'hébergement ou d'aide.

Plus âgé(e)s :

  • Dérangent par leur présence.
  • Odeurs, allure.
  • Dorment jour et nuit dans des endroits interdits : entrées de résidences, guichets automatiques, trottoirs).
  • Consomment de la boisson.
  • Comportement agressif.
  • Cas psychiatrique (s'interposent, impossibilité de raisonner).

Beaucoup de plaignants sont des commerçants parce qu'ils ont des pertes reliées directement aux personnes itinérantes. Exemple : Cela porte atteinte à leur droit de faire du commerce. C'est une autre réalité à laquelle nous sommes confrontés. Dans ses interventions, le policier doit tenir compte des besoins des deux parties. Il n'interprète pas les lois, il les exécute. C'est le législateur ainsi que les tribunaux qui déterminent le cadre à l'intérieur duquel nous exerçons notre profession.

Bien sûr, il y a le pouvoir discrétionnaire, mais où commence-t-il, où se termine t-il ? C'est qu'il est encadré par les lois et les règlements laissés au jugement de l'agent de la paix mais toujours en référence aux décisions rendues par les tribunaux. Actuellement, le service de police totalise beaucoup de jeunes policiers qui n'ont pas toujours la possibilité de se référer à des policiers d'expérience, mais la population s'attend à la même qualité d'intervention. Toutefois, il faut reconnaître qu'elle n'accorde pas le droit à l'erreur envers le policier, ce qui entraîne chez ce dernier un sentiment de stress extrêmement important.

Andrée Bouchard

CÔTÉ ALTERNATIVE
De plus en plus, le SPCUM cherche des alternatives à la judiciarisation. Nous sommes conscients que dans plusieurs cas, c'est loin d'être la solution.

Au poste de quartier 21, nous siégeons à une dizaine de tables de concertation en collaboration avec la ville, les différents organismes, les citoyens, les commerçants et ce, dans le but de créer des liens et de trouver des outils pour nous permettre de mieux effectuer notre travail.

Vous savez, nous, les policiers, quand nous sortons de l'institut, un beau diplôme nous est remis ainsi qu'un coffre à outils. À l'intérieur de ce coffre, nous retrouvons une grosse masse qu'est la judiciarisation ; par contre, nous n'avons que très peu de petits outils. Mais le citoyen qui a un problème s'attend à ce que quelqu'un fasse quelque chose. Évidemment, ils ont recours au 911 car nous sommes disponibles 24h sur 24.

Parmi les comités auxquels nous collaborons, il y a la Table à la Régie de la santé sur la santé mentale qui se préoccupe beaucoup de l'itinérance.

Depuis 1996, nous nous sommes impliqués dans un projet pilote avec UPS qui depuis est devenu UPSJ, et je peux vous assurer qu'aujourd'hui aucun policier ne se passerait des services qu'ils offrent.

Statistiques
Sur une période d'un an, sur 1402 interventions, 482 leur ont été référées par le SPCUM.

Des démarches par les policiers patrouilleurs sont souvent faites auprès des organismes comme : La maison du père ; Old Brevery Mission ; Armée du salut, etc.

Dans le but de référer des personnes régulièrement dans le besoin, ils effectuent eux-mêmes le transport vers ces ressources. Vous constaterez que nous sommes loin de la répression policière.

Toutefois, nous avons nos limites ; par exemple je reçois un appel pour un homme gisant ivre à l'intersection de St-Denis/Ontario. Sur les lieux, l'homme est couché sur le trottoir, il sent l'alcool et, à première vue, il semble être en état d'ébriété. Il a également une légère coupure au front et du sang coule sur son visage.

Donc, quelles sont mes possibilités en tant que patrouilleur ?

  • le référer à un organisme ;
  • le diriger vers un centre hospitalier ;
  • le conduire au centre de détention pour gisant ivre.

Vu l'état de l'homme, les organismes ne peuvent pas le prendre en charge car il est en état d'ébriété et blessé. Le centre de détention ne peut, lui non plus, le recevoir car il est blessé. La seule alternative qu'il nous reste est le centre hospitalier pour soigner ses blessures et subir une cure de désintoxication.

Par contre, si nous reprenons la même situation, que l'individu n'est pas blessé mais qu'il est en état d'ébriété très avancée, encore une fois les ressources ne sont pas en mesure de le recevoir. Alors, il nous reste deux alternatives, c'est-à-dire le centre de détention ou le centre hospitalier.

Étant donné que dans ce genre de cas, la judiciarisation n'est pas une solution, ils sont souvent dirigés vers les hôpitaux. Vous comprendrez que cette solution ne plaît pas davantage au milieu hospitalier. J'attends vos suggestions.

Un autre beau projet de partenariat : Équipe itinérance terrain. En collaboration avec ces derniers, nous leur portons assistance pour localiser certains itinérants dans le but de les orienter vers différentes ressources ou de les localiser rapidement par temps de grand froid. Évidemment, nous avons tout intérêt à travailler ensemble car un jour ou l'autre nous aurons à intervenir auprès des mêmes individus pour une raison ou une autre.

Ensuite, pour tous les organismes communautaires, nous les invitons à rencontrer les policiers lors de rassemblements. Nous les invitons aussi à partager une journée (une nuit) de patrouille pour leur permettre de voir ce que l'on voit et d'entendre ce que l'on entend et ce, dans le but de mieux se connaître d'une part et d'autre part de prendre conscience de la réalité de chacun.

Ces petites démarches permettent de s'apprivoiser mutuellement. Je lance donc l'invitation à tous les organismes, et merci à ceux qui nous ont déjà permis de vivre l'expérience.

En conclusion, au cours des prochaines années, la seule véritable alternative sera de travailler en partenariat avec les organismes communautaires. Autant d'un côté comme de l'autre, nous n'aurons intérêt à travailler en vase clos. Je me surprends quelquefois à rêver que chaque organisme communautaire ait son service d'urgence 24 heures sur 24 heures, afin que nous ayons des outils autres que la judiciarisation, qui n'est pas l'avenue la plus appropriée mais souvent la seule que nous ayons entre les mains.

En souhaitant que ce genre de rencontre puisse nous aider à nous comprendre et à chercher des solutions aux problèmes communs que nous rencontrons. Merci à tous.

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